Le décor sculpté des supports de l’architecture gothique en vallée mosane
par Aline Wilmet
Vendredi 18 mai 2018 à 20h
Salle n°5
Le décor sculpté des supports de l’architecture gothique de la vallée mosane a souvent été utilisé pour tenter de caractériser une école d’architecture spécifiquement mosane, sans véritablement le soumettre à une étude approfondie. Cette thématique a récemment fait l’objet d’une thèse de doctorat soutenue en 2017 à l’Université de Namur par Aline Wilmet.
L’analyse des motifs privilégiés, des techniques de façonnage et de mise en œuvre de l’ornement permettent de préciser l’évolution et la datation de l’architecture, tout en apportant des indices majeurs à la compréhension du chantier médiéval.
MA THÈSE :
Un chapiteau sculpté sous la loupe de l’archéologie du bâti
Ma thèse s’intéresse au décor sculpté des églises construites dans la vallée de la Meuse entre le XIIIe et le XVIe siècle. Ce petit détail architectural peut sembler insignifiant, mais il permet pourtant de décrypter l’histoire de la construction de ces édifices. Pour ce faire, l’archéologue du bâtiment, sorte de détective spécialiste des édifices anciens, observe, enregistre, relève, analyse directement sur terrain toute une série d’indices qui lui permettent d’identifier les ruptures entre les différentes phases d’édification, en relation avec les données historiques issues d’archives et de la littérature. C’est une méthode qui nécessite d’accéder directement aux décors, le plus souvent situés dans les parties hautes des édifices. Pas question, dès lors, d’avoir le vertige ou d’être allergique à la poussière !
De la pierre au chantier, l’histoire d’une pierre sculptée
Analyser le décor sculpté sur différents types de pierres permet de s’interroger sur la provenance de ces matériaux, sur les étapes de façonnage entreprises par le tailleur de pierre avant d’aboutir à un chapiteau ou une base, ornements fonctionnels par excellence des supports de l’architecture gothique. Quels sont les outils et les motifs ornementaux privilégiés entre le XIIIe et le XVIe siècle ? Peut-on déterminer un lien entre le niveau d’élaboration du décor et le statut des édifices étudiés ? Certaines formes ont-elles connu un retentissement prépondérant par rapport à d’autres ? Les sculpteurs et tailleurs de pierres étaient-ils amenés à voyager de chantier en chantier ou travaillaient-ils en carrière, sur le lieu d’extraction de la pierre ? Etc. Autant de questionnements auxquels ma thèse tente de répondre.
Une vision renouvelée
Les études antérieures se focalisent davantage sur les maçonneries plus communes alors que le décor n’a que très peu suscité l’intérêt des chercheurs. Malgré l’absence d’études approfondies, l’architecture de la région mosane se défini notamment par l’ornementation de ses chapiteaux dits « à feuilles de plantain ». Ma recherche propose une méthodologie innovante qui m’a permis d’identifier un panel décoratif bien plus vaste au sein duquel
certains semblent trouver leur origine dans l’architecture anglaise du second quart du XIIIe siècle. À la différence du bois ou des matériaux organiques, il n’est pas possible de mener sur la pierre des analyses telles que la datation au carbone14. Par le biais d’une démarche plus « proche » du matériau, de l’étude des techniques de façonnage ainsi que des motifs décoratifs sélectionnés, ma recherche démontre que l’ornement sculpté peut constituer
un outil de datation des édifices et, au-delà, contribuer à la connaissance de l’organisation économique et sociale du chantier de construction.
Informations
Salle n°5, Centre culturel de Visé
Paf de 4 € Grand Public et 3€ pour le membre 2018