Rencontres avec les survivants des camps de concentration
Résumé
Ils ne sont plus nombreux à pouvoir témoigner des camps de concentration. À peine une centaine d’hommes et de femmes, qui se sont longtemps tus face à une France d’après-guerre peu encline à les écouter. Rescapés grâce à une succession de hasards avant tout, ils ont su se reconstruire avec un courage remarquable. Sophie Nahum est allée à la rencontre des « Derniers », ces résilients hors du commun, dont Ginette Kolinka et Élie Buzyn, pour une série de documentaires courts, de laquelle résulte ce livre choral. Leurs témoignages croisés se font écho tout en laissant apparaître la singularité de chaque destin. Ainsi, les derniers survivants de la Shoah nous offrent – 75 ans après la libération d’Auschwitz – un regard poignant sur leur vécu. « Bouleversant. Ces hommes et ces femmes se livrent à cœur ouvert. » Paris Match. Sophie Nahum est réalisatrice de documentaires depuis plus de 15 ans. Après avoir travaillé pour les grandes chaînes, et notamment Arte, elle décide de produire ses films de manière indépendante. Young et moi (2015, primé au FIGRA) fut le premier, suivi par le projet « Les Derniers » auquel elle se consacre entièrement depuis trois ans.
Avis
Plusieurs centaines de livres de notre centre de documentation concernent des témoignages des résistances et des entraves menées aux libertés : les emprisonnements ou les exécutions dans des camps de concentration ou d’extermination. Cette dame, Sophie Nahum a voulu interroger les derniers témoins de l’holocauste, qui ont pu survivre à cet enfer : ils sont 26 à avoir été approchés et interviewés. Il se rappellent l’avant-guerre où leur vie a basculé avec le port de l’étoile juive (tous les endroits publics nous étaient interdits. Sur les grilles des jardins publics, on pouvait lire : Interdit aux juifs et aux chiens ESTHER) et la réduction drastique de leur économie, leur arrestation (Dans ma tête de petit garçon, avec ma mère à mes côtés, il ne pouvait rien m’arriver VICTOR) , l’arrivée au camp (On n’était rien, absolument rien, peu importait qu’on soit mis à mort ou pas, on était juste des objets, des choses NICOLAS), le quotidien vécu dans ces camps (Au camp, je n’étais plus rien. J’essayais de me faire toute petite, de ne pas me faire remarquer, de ne pas recevoir trop de coups, c’est tout GINETTE), les marches de la mort (On a voyagé cinq jours et cinq nuits sans boire et sans manger SARAH), leur libération (Après la guerre, on n’est pas repartis de rien, on est repartis de moins que rien VICTOR) leur rentrée et donc leur survie (Et puis c’est ainsi. Soit vous abandonnez et vous vous foutez en l’air, soit vous essayez de vivre comme un homme JEAN) Après non, on ne nous croira pas et devrons-nous parler . Oui (Dès que je commençais à raconter, je pouvais lire l’incrédulité dans les yeux des gens ESTHER) car plus jamais cela, ils vont reprendre leur bâton et leur parole, non sans crainte de raviver ces souvenirs enfuis au plus profond d’eux-même (On a beau avoir répété PLUS JAMAIS CELA , eh bien, PLUS JAMAIS CELA n’est pas garanti ROBERT) ….que leur reprochait-on, être juif ou résistant ? Sophie a rencontré son premier témoin en 2010, pour faire un film et il y eut 25 capsules de témoignages vécus parfois filmés en ces endroits maudits.
Les bourreaux sont aussi décrits : souvent de bons pères de familles, cultivés mais capables d’horreurs insoutenables. La méfiance, qu’ils essayaient d’amoindrir avant l’entrée dans la chambre à gaz. Mais les véritables héros sont ces 2% de rescapés d’Auschwitz qui ont pu repartir après et refaire leur vie et se relever quand la bête immonde ressuscitait . C’est pour cette course contre la montre que l’auteure a écrit ce livre.
Un des 26 témoins, Elie dira à propos de la jeune auteure : VOUS ALLEZ DEVENIR LE TÉMOIN DU TÉMOIN QUE JE SUIS , C’EST UN RÔLE TRÈS IMPORTANT !
Et les musées et bibliothèques qui conservent et font connaître ces témoignages jouent un de leurs rôles majeurs : médiation et passage de témoins.